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L’architecture à l’honneur à Venise

L’architecture à l’honneur à Venise

Corto Citroen

Bruxelles : où est l’art contemporain 

Bonom, l’artiste qui n’a pas peur du vide

9 March 2016 Comments (0) Culture

Bonom, l’artiste qui n’a pas peur du vide

Bonom s’exprime par l’intermédiaire de son bestiaire et grâce à la complicité de la nuit. Son œuvre a provoqué des réactions multiples passant des débats juridiques aux vagues de soutien. Mais, au final, à qui appartient l’espace urbain ? Et quel sens lui accordons-nous ?

En quelques années à peine, Bonom est devenu une légende vivante à Bruxelles. La ville regorge à présent de nombreux et imposants animaux effrayants qui ont surgi en l’espace d’une nuit sur nos façades. L’artiste affirme être toujours ému quand il découvre la ville d’en haut, la nuit, depuis les toits.

Il recherche la perfection dans ses dessins et, s’il en rate un, le considère comme une vulgaire dégradation.

Art vandale ?

Dans le Street Art, la créativité est délimitée par les espaces urbains, la forme et les dimensions des murs. La discipline amène à la réflexion et questionne notre rapport à l’espace public, à l’heure où nous sommes chaque jour stimulés par des dizaines de messages publicitaires au format toujours plus imposant.

Et pourtant la frontière entre art et dégradation reste poreuse. C’est ainsi qu’en 2010, Bonom a été poursuivi pour « dégradation volontaire d’immeubles ». Suite à ces accusations, l’artiste a dû effectuer des travaux d’intérêt public pour reprendre ensuite son vrai nom (Vincent Glowinski) et poursuivre sa carrière de manière plus classique. Il a offert à Bruxelles trois derniers dessins en guise de testament : un autoportrait à l’Hôtel des Monnaies, un vieil homme nu à la Porte de Hal et enfin une femme dans une position pour le moins explicite surplombant la Place Stéphanie.

Son public c’est nous tous, âges et classes sociales confondus. Et c’est justement ce qu’a déclaré l’artiste dans une de ses rares interviews : selon lui, la confrontation avec les passants, c’est cela même qui fait vivre l’œuvre. Elle n’existe pas s’il n’y a que quelques personnes pour la voir. Bonom cherche à toucher un public le plus large possible, et sortir l’art de l’espace confiné des galeries.

Street Art connecté

Avec le boom des smartphones, les fans de Bonom ont créé le site www.bonom.be où ils postent des photos de ses œuvres ainsi que leur géolocalisation. C’est donc une chaîne sans fin : l’artiste s’approprie l’espace urbain, le public se réapproprie son œuvre et la ville acquiert ainsi un nouveau sens en ouvrant de nouveaux débats.

  • Bonom - © Aurore Martignoni
    Bonom - © Aurore Martignoni
  • Bonom - © Aurore Martignoni
    Bonom - © Aurore Martignoni

 

Reconnaissance difficile

Le Street Art peine encore à être reconnu comme discipline à part entière. Le célèbre grapheur anglais Banksy voit désormais certaines de ses créations affoler les enchères et s’arracher pour plus d’un million d’euros. Mais il fait figure d’exception. Ainsi, à Porto, de nombreuses œuvres de Hazul et Costah, deux figures incontournables du Street Art portugais, ont été recouvertes de peinture jaune par les autorités communales. Celles-ci voyaient dans les œuvres peintes sur les bâtiments un facteur d’insécurité. Les défenseurs du Street Art leur rétorquent qu’au contraire, les peintures de Hazul et Costah amenaient un peu de couleur dans des rues souvent balafrées par des chancres urbains laissés à l’abandon. Question de point de vue… La situation a atteint des sommets de surréalisme lorsque Hazul lui-même a inauguré en 2013 une exposition qui lui était consacrée… à 500 mètres à peine des murs où ses œuvres venaient d’être recouvertes par le pouvoir local.
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