Alors qu’il achève le chantier de son «Agora Garden» à Taipei – une tour anti-smog de 20 étages, autonome à 50% en énergie –, l’architecte louviérois Vincent Callebaut a été commissionné par Extensa pour imaginer les futurs contours du site de Tour&Taxis. Résultat: 85.000m² de logements positifs, trois «forêts verticales» habitées, des sky-villas avec potagers privatifs et vergers communautaires, des toitures tapissées de panneaux solaires (12.500 m²).

Sous son coup de crayon, la Gare Maritime (50.000 m²) se voit métamorphosée en un «biocampus» avec un auditorium en plein air, des bureaux et des commerces multifonctionnels. Et entre les deux, un parc public avec un grand étang, bordé d’une piscine naturelle biologique. De quoi redonner des couleurs et une nouvelle vie à ce site historique, longtemps laissé à l’abandon.

Sauf qu’Extensa en a jugé autrement… «Nous avons fait appel à l’imagination de Vincent Callebaut comme à celle de deux autres architectes, pour une vision ‘out of the box’ du futur site de Tour&Taxis. Mais son projet est irréalisable et infinançable en l’état, explique Kris Verhellen, son CEO. Cela dit, son travail est vraiment exemplaire en termes d’éco-construction. Et certaines de ses idées pourraient être recyclées».

Vraiment irréaliste?

Diplômé de l’Institut Victor Horta, à Bruxelles, en 2000, Vincent Callebaut n’en est pas à son coup d’essai. On lui doit déjà Lilypad, un projet de villes flottantes pour réfugiés climatiques au large des Maldives, ou encore Dragonfly, la première ferme verticale en milieu urbain, dessinée pour New York. Lauréat de plusieurs concours internationaux, le Belge secoue régulièrement la planète archi à grands coups de «projets-manifestes», lâchés comme des petites bombes d’intelligence et d’innovation pour secouer les esprits.

Callebaut est peut-être un «militant du rêve», mais il s’assume. «Notre travail d’ ‘Archibiotic’ est différent de l’architecture traditionnelle, parce qu’on y mêle l’architecture, les biotechnologies et les TIC (technologies d’information et de communication), explique-t-il. Dès lors, on s’entoure d’architectes bien sûr, mais aussi… d’ingénieurs agronomes, de biologistes et de constructeurs de matériaux innovants.» Ses projets sont systématiquement validés scientifiquement. Et d’aucuns, comme celui de Taipei, deviennent concrets.

«Mes projets de villes fertiles peuvent paraître utopiques. Pourtant, ils sont tous réalisables et finançables, à l’image de The Gate Heliopolis, au Caire (Egypte), qui sera livré en deux phases en 2019 et 2021, explique l’architecte. Cette tour, c’est la réalité d’aujourd’hui. Son système de refroidissement naturel, inspiré des Malqafs, permettra de réduire de 70% la facture énergétique, avec une certification LEED Gold plus.» Et d’insister: «Bruxelles, capitale de l’Europe, se doit selon moi d’être exemplaire en termes de transition énergétique. On peut toujours négocier avec les banquiers, mais pas avec le climat.»

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