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Mons 2015, Capitale culturelle européenne... et après ?

8 March 2016 Comments (0) Culture

Mons 2015, Capitale culturelle européenne… et après ?

Durant toute l’année 2015, Mons a été en pleine ébullition grâce à son statut de capitale culturelle européenne. Mais que reste-t-il de ces capitales européennes une fois que l’attention est retombée ?

En se promenant dans les rues de Mons, il était difficile de nier l’effervescence qui s’empare de la ville. La Grand Place était noire de monde, les logos Mons 2015 omniprésents, d’innombrables œuvres et performances jalonnaient les ruelles pavées. Plus étonnant encore pour celles et ceux qui connaissent la Cité du Doudou : Mons s’était transformée en une sorte de Tour de Babel. En laissant traîner les oreilles, on pouvait surprendre des conversations en néerlandais, en anglais, en allemand, en italien ou en espagnol. Du jamais vu.

Les mésaventures qui avaient émaillé les premières semaines de cette année culturelle (des chantiers pas tout à fait terminés, une sculpture branlante d’Arne Quinze qu’il a fallu démonter en urgence) font désormais partie du passé. L’exposition « Van Gogh au Borinage » a attiré plus de 180 000 visiteurs. Un succès qui a poussé les organisateurs à investir des moyens supplémentaires dans son système de réservations, toutes manifestations confondues. Les demandes pour des visites de groupes guidées permettent de mesurer ce succès : la ville en reçoit en moyenne 70 par jour !

Pari audacieux

Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance. Avec un peu moins de 100 000 habitants, Mons reste après tout une ville de taille relativement modeste. Dans l’arrondissement de Mons, le taux de chômage flirte avec les 20 %. C’est justement pour sortir de ce marasme latent que les autorités communales ont pris le pari d’attirer un événement qui redonnerait un peu de fierté à ses citoyens. « Nous avons préparé cette candidature depuis 2003, explique Yves Vasseur, le directeur de la Fondation Mons 2015. La volonté était de sortir Mons d’une situation de stagnation économique et sociale qui s’est installée depuis la fin des années 60. La candidature au titre de capitale européenne de la culture cadrait parfaitement avec les axes de redéploiement dessinés par les autorités communales, à savoir le tourisme, la culture et les nouvelles technologies. »

Le but affiché par les autorités ne manque pas d’ambition : Mons et ses environs veulent saisir cette opportunité pour accélérer leur reconversion et devenir une « Creative Valley ». Cette voie a déjà permis d’attirer dans la région quelques enseignes prestigieuses telles que Google, Microsoft et IBM. L’idée est de susciter des vocations auprès des jeunes entrepreneurs de la région.

Métamorphose

Parmi les grandes thématiques de Mons 2015, celle de la « métamorphose » occupe une place centrale. La ville s’est ainsi dotée de nouveaux outils culturels et touristiques qui traduisent cette volonté de redéploiement. Le Centre de Congrès flambant neuf imaginé par Daniel Libeskind et la gare en construction signée Santiago Calatrava illustrent cette dynamique. Les deux édifices s’ajoutent aux cinq musées qui ont vu le jour cette année : l’Artothèque dédiée au patrimoine local, le Mons Memorial Museum consacré aux deux guerres mondiales, le Beffroi qui vient d’être rénové et est désormais accessible au public, le site archéologique du Silex’s et le Musée du Doudou qui fait la part belle au folklore montois.

« Ces lieux ont vocation à durer et enrichissent l’offre culturelle que la ville continuera de proposer après 2015, poursuit Yves Vasseur. Le Mons Memorial Museum ouvre une piste qui n’existait pas encore chez nous : celle du tourisme mémorial. Or, nous savons tous que c’est un volet important pour de nombreux touristes, en particulier pour ceux venus de Grande Bretagne qui savent qu’en 14-18, leurs premier et dernier morts sont tombés sur notre territoire. À Ypres, le musée In Flanders Fields accueille un million de visiteurs chaque année. Nous n’allons évidemment pas leur faire de l’ombre. Mais Mons se trouve à 60 kilomètres d’Ypres. On peut imaginer que de nombreux visiteurs prolongeront leur séjour jusque dans le Hainaut. »

Changer les esprits

Le vrai défi de Mons 2015, ce sera la métamorphose des esprits. Tout le monde cite l’exemple de Lille 2004 et son fameux « bond en avant de 10 ans ». Mais d’autres capitales culturelles européennes ont été de véritables success-stories.

Ainsi, une étude l’Université de Liverpool a montré que la ville des Beatles avait pu générer un impact économique positif de 754 millions de livres lorsqu’elle a été capitale culturelle européenne en 2008, pour un investissement initial de… 55 millions. Yves Vasseur cite également l’exemple de la ville d’Essen en Allemagne, qui avait accueilli « Ruhr 2010 ». Le profil d’ancien bassin minier frappé par le déclin économique est assez semblable à celui de Mons. La similitude n’a pas échappé à la presse allemande qui suit de près l’expérience Mons 2015.

« Avant 2015, Mons accueillait 250 000 touristes par an. Cette année, nous visons la barre des 2 millions. Si nous pouvons nous maintenir au-dessus de 500 000 à partir de 2016, l’exercice aura été un franc succès. Mais pour cela, il faut que l’esprit Mons 2015 perdure au-delà de cette année », conclut Yves Vasseur.

La ville a d’ailleurs désigné un bureau d’audit indépendant qui sera chargé de dresser le bilan de l’année. Le rapport est attendu pour le printemps 2016. Mais à Mons, tout le monde sait que pour le vrai bilan, il faudra se montrer patient. Ce n’est peut-être que dans 10 ou 15 ans que l’on pourra mesurer si la région a pu poursuivre sur sa lancée et réussir sa métamorphose.

Photo © Icarus Projects
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