Magritte disait peindre des idées, plutôt que des formes. Mais c’est bien une idée surréelle qui prendra forme dans l’enceinte de l’ancien garage Citroën, à Bruxelles. Pressenti dans un premier temps pour accueillir des logements et des bureaux, cet écrin moderniste de 35.000 m² situé le long du canal, Place de l’Yser, sera finalement reconverti en un musée et «un pôle culturel d’envergure mondiale» dédié à l’art moderne et contemporain, ainsi qu’à l’architecture. La date d’ouverture au public est prévue pour 2020. Avec l’ambition d’attirer un million de visiteurs par an.

Longtemps, le milieu culturel évoquait le Guggenheim… Un accord a finalement été conclu avec le centre Pompidou de Paris pour y exposer des œuvres de sa prestigieuse collection. Le Pompidou est un des trois acteurs majeurs pour l’art moderne dans le monde avec la Tate britannique et le MoMA à New York. S’il possède près de 120.000 œuvres – dont à peine 10% sont actuellement exposées –, le Centre Pompidou a déjà décentralisé une partie de ses collections pour les diriger vers les cimaises du Centre Pompidou de Metz, inauguré en 2010, ainsi qu’à Malaga.

Mais que l’on ne s’y trompe pas. Le «Pompidou bruxellois» aura sa propre âme: une sensibilité belge coulée dans une chair européenne. Le nouveau pôle culturel bruxellois projette d’acquérir ses propres collections (sous conseil avisé de son mentor parisien) et fera la part belle à l’architecture et aux créations belges. Serge Lasvignes, le directeur du Centre Pompidou, le compare d’ailleurs au Louvre Abu Dhabi où un grand musée aide à la création d’un autre grand musée.

La future institution culturelle franco-belge occupera près de la moitié de la surface des anciens garages, rachetés par la Région en 2015 pour 20,5 millions. 15.000 m² seront consacrés aux arts couvrant la période 1920-2020, à côté desquels un espace de 9.000 m² sera reconverti en un «musée de l’architecture» qui reprendra le Centre international pour la Ville, l’Architecture et le Paysage (centre Civa) et toutes ses collections.

Un concours international d’architecture mettra plus d’un bureau sur les dents. Il sera lancé très bientôt pour choisir d’ici l’été 2017 celui qui mènera la rénovation. «Cette démarche qui consiste à aménager une architecture industrielle pour en faire un musée me plaît beaucoup. Ça se rapproche plus du Lingotto à Turin, cette ancienne usine Fiat reconvertie en centre culturel et commercial. Alors qu’au Centre Pompidou, on a fait le contraire: on a construit un musée en jouant à l’architecture industrielle», explique Serge Lasvignes, directeur du Centre Pompidou. Les travaux devraient débuter en 2018 et s’achever en 2020, pour un coût de 140 millions d’euros.

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