En une décennie, Singapour est devenue le modèle par excellence de smart city. Elle vient d’être élue « ville intelligente de 2018 » lors du congrès mondial des villes intelligentes (Smart City Expo World Congress) s’est tenu à Barcelone. Seuls sept candidats étaient en finale, pour 473 candidatures déposées. Explications.
La cité-État asiatique est un laboratoire d’expérimentation et d’industrialisation des processus de la ville intelligente. Des villes étrangères (surtout chinoises) mettent un point d’honneur à répliquer ce qui fonctionne dans la petite île de 5,6 millions d’habitants. L’une des raisons qui confèrent à Singapour des avantages pour les tests grandeur nature est le manque d’entité de régulation. Ici, État et collectivité se confondent, réduisant le nombre d’acteurs. Les décisions sont accélérées. Et quand la ville veut observer la mobilité des collégiens, elle a les moyens de distribuer 25.000 capteurs très rapidement.
Comment cette cité-état de 719 km2 s’est-elle hissée en haut du podium, devançant Santander et Boston ? Des algorithmes de routage dynamique pour bus publics, des portails parent-enseignant en temps réel ou encore une analyse prédictive des fuites dans les conduites d’eau… Comme pour la conquête de l’espace, cette réussite découle notamment d’une volonté politique forte. Dévoilé en 2014, le programme « Smart Nation » envisage ainsi de faire de Singapour le premier État connecté. Avec, comme axe principal, une gestion numérique de la mobilité.
Aimant à start-up
Le véhicule autonome étant envisagé comme un réel maillon du transport public, Singapour finance largement la recherche qui se structure à travers des partenariats publics-privés et le développement de démonstrateurs. La ville-État s’appuie énormément sur les compétences des start-up et des sociétés étrangères qui y sont très courtisées. Singapour hébergerait ainsi plus de 1.600 start-up, d’après le dernier rapport de Startup Genome. Singapour a aussi rapidement fait évoluer sa législation afin de permettre à des sociétés de tester leur technologie dans ses rues.
Les deux autres axes de développement sont la logistique et la collecte des déchets. Outre des taxis autonomes ou du wifi dans les transports, Singapour espère notamment créer un système national d’identification numérique et faire en sorte que 95 % des opérations entre les habitants et l’État (ventes de maison, paiements de facture, ou encore demande de logements sociaux) soient effectuées en ligne.
Reste que la cité-Etat apporte des contraintes nouvelles de gestion des données. Certains éléments du programme, notamment ceux liés à la surveillance, provoquent des inquiétudes chez les spécialistes de la sécurité et les défenseurs des libertés. En mars 2018, la cité-État a notamment annoncé un projet de surveillance qui déploiera des caméras sur 100.000 lampadaires pour repérer et suivre les mouvements de ses habitants, après les villes de Pékin et Shanghai. Ainsi, la ville ne possède ni portail de données ouvertes ni modèle de participation de la société civile. Ses habitants, férus de nouvelles technologies, contribuent pourtant aux programmes gouvernementaux de récupération des données personnelles de façon assidue.
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