Le bureau d’études britannique Arup préconise l’utilisation à grande échelle de déchets organiques pour produire des matériaux de construction durables. Peaux de bananes, épluchures… Et si ces déchets servaient à construire nos maisons?
La vie des déchets organiques est tragique. Au mieux, ils finissent en compost. Au pire, dans des décharges ou des incinérateurs… Mais dans les deux derniers cas, les répercussions sur la qualité des sols et de l’air sont problématiques. N’y aurait-il pas une autre voie, à la fois plus bénéfique pour l’environnement, l’économie et la santé?
C’est ce que semble suggérer Arup, un bureau d’études anglais spécialisé dans l’urbanisme. Dans son nouveau rapport, «The Urban Bio Loop», il propose d’utiliser ces déchets organiques pour créer de nouveaux matériaux de construction. Et ce, afin de s’attaquer au problème de l’épuisement des ressources non renouvelables dont l’industrie de la construction est l’une des plus grandes consommatrice. Rien qu’à l’échelle du Royaume-Uni, la construction engloutit environ 60% des matières premières importées. A l’heure actuelle, ce secteur génère aussi 39% des émissions de CO2 aux États-Unis.
Parmi ces déchets, nombre d’entre eux ont déjà prouvé leur efficacité dans le domaine de la construction. Par exemple, il est actuellement possible de fabriquer des briques avec du riz. Des briques de champignons sont même cultivées en 5 jours. Des épluchures de pommes de terre sont déjà utilisées comme absorbants et isolants, résistants au feu. Selon Arup, il est même possible de créer des panneaux acoustiques avec des graines et des feuilles, de monter des murs en maïs et en blé, ou encore de construire des sols en tournesol et des plafonds en coquilles de cacahuète. Arup a d’ailleurs créé SolarLeaf, le premier système de façade au monde à cultiver des micro-algues pour générer de la chaleur et de la biomasse, et BioBuild, le premier panneau de façade autoportant en matériaux bio-composites.
Un marché porteur
«Certains fabricants produisent des matériaux de construction à faible empreinte carbone à partir de déchets organiques, mais il s’agit d’un marché de niche, explique Guglielmo Carra, conseiller principal en bâtiment chez Arup. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est que l’industrie généralise ce type de productions.» D’autant plus que le potentiel de cette bioéconomie est énorme: en 2014, l’Europe accumulait plus de 40 millions de tonnes de déchets organiques séchés issus de l’agriculture et de la sylviculture. Et le volume augmente chaque année, alors qu’il pourrait être mieux valorisé. A titre de comparaison, un kilogramme de déchets incinérés pour produire de l’énergie a une valeur d’environ 0,85 EUR, mais le même matériau pour le revêtement intérieur pourrait se vendre jusqu’à 6 EUR par kilogramme.
SolarLeaf (copyright: © Colt International, Arup Deutschland, SSC GmbH)
Tags: Arup, BioBuild, déchets organiques, Environnement, matériaux de construction